Rapport de l’OIT sur le taux de chômage : Jeunes ‘‘NEET’’ : une tendance en hausse

28 août 2024

Le nombre de jeunes qui ne travaillent pas, ne sont pas scolarisés ou ne suivent pas de formation (NEET) est préoccupant, malgré la baisse du taux de chômage. C’est ce que révèle un nouveau rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Il révèle une proportion élevée de jeunes NEET, des disparités régionales et entre les sexes et une anxiété croissante des jeunes à l’égard du travail, malgré des tendances mondiales encourageantes en matière de chômage des jeunes.
Le rapport, intitulé Tendances mondiales de l’emploi des jeunes 2024 (GET for Youth), met en garde contre le nombre de jeunes de 15 à 24 ans qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en éducation (NEET) qui est préoccupant et contre la reprise de l’emploi après la pandémie de COVID-19 qui n’a pas été universelle. Les jeunes de certaines régions et de nombreuses jeunes femmes ne bénéficient pas des avantages de la reprise économique.
Le taux de chômage des jeunes en 2023, à 13 %, soit 64,9 millions de personnes, représente le plus bas niveau depuis 15 ans et une baisse par rapport au taux de 13,8 % d’avant la pandémie en 2019. Il devrait encore baisser pour atteindre 12,8 % cette année et l’année prochaine. La situation n’est toutefois pas la même selon les régions. Dans les États arabes, en Asie de l’Est et en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique, les taux de chômage des jeunes étaient plus élevés en 2023 qu’en 2019.
Le GET for Youth met également en garde contre d’autres « obstacles » qui empêchent les jeunes de réussir dans le monde du travail. Il note que trop de jeunes à travers le monde sont des NEET et que les possibilités d’accéder à des emplois décents restent limitées dans les économies émergentes et en développement. Un jeune sur cinq, soit 20,4 %, dans le monde était NEET en 2023. Deux de ces NEET sur trois étaient des femmes.
Pour les jeunes qui travaillent, le rapport relève le manque de progrès en matière d’accès à des emplois décents. À l’échelle mondiale, plus de la moitié des jeunes travailleurs occupent un emploi informel. Ce n’est que dans les économies à revenus élevés et intermédiaires supérieurs que la majorité des jeunes travailleurs occupent aujourd’hui un emploi régulier et sûr. Et dans les pays à faible revenu, trois jeunes travailleurs sur quatre n’obtiendront qu’un emploi indépendant ou un emploi temporaire rémunéré.
Le rapport met en garde contre le fait que les taux élevés et persistants de NEET et la croissance insuffisante des emplois décents provoquent une anxiété croissante parmi les jeunes d’aujourd’hui, qui constituent également la cohorte de jeunes la plus instruite de tous les temps.
« Aucun d’entre nous ne peut espérer un avenir stable alors que des millions de jeunes dans le monde n’ont pas de travail décent et se sentent donc en insécurité et incapables de construire une vie meilleure pour eux-mêmes et leur famille. Les sociétés pacifiques reposent sur trois éléments essentiels : la stabilité, l’inclusion et la justice sociale ; et un travail décent pour les jeunes est au cœur de ces trois éléments », a expliqué Gilbert F. Houngbo, Directeur général de l’OIT.
En outre, le rapport constate que les jeunes hommes ont davantage profité de la reprise du marché du travail que les jeunes femmes. En 2023, les taux de chômage des jeunes femmes et des jeunes hommes étaient quasiment égaux (12,9 % pour les jeunes femmes et 13 % pour les jeunes hommes), contrairement aux années précédant la pandémie, où le taux des jeunes hommes était plus élevé. Et le taux mondial de jeunes NEET des jeunes femmes a doublé par rapport à celui des jeunes hommes (respectivement 28,1 % et 13,1 %) en 2023.
« Le rapport nous rappelle que les opportunités pour les jeunes sont très inégales. De nombreuses jeunes femmes, des jeunes aux moyens financiers limités ou issus de minorités ethniques sont encore en difficulté. Sans égalité des chances en matière d’éducation et d’emplois décents, des millions de jeunes passent à côté de leurs chances d’un avenir meilleur », a ajouté M. Houngbo.
Le rapport de l’OIT appelle à accorder une plus grande attention au renforcement des fondements du travail décent comme moyen de contrer les angoisses des jeunes face au monde du travail et de renforcer leur espoir d’un avenir meilleur.
Dans un message adressé aux jeunes lecteurs, les auteurs du rapport leur demandent de se joindre aux appels au changement. « Vous avez la possibilité d’influencer les politiques et de plaider en faveur d’un travail décent pour tous. Connaissez vos droits et continuez à investir dans vos compétences », indique le message. « Soyez partie prenante du changement dont nous avons tous besoin pour garantir un monde socialement juste et inclusif. »
Cette 12e édition du rapport GET for Youth marque le 20e anniversaire du rapport. Elle revient sur les réalisations accomplies au cours de ce siècle pour améliorer les perspectives d’emploi des jeunes et envisage l’avenir de l’emploi des jeunes « à une époque caractérisée par des crises et des incertitudes ». En examinant les tendances à plus long terme, le rapport conclut que :
La croissance des services « modernes » et des emplois manufacturiers pour les jeunes a été limitée, même si la modernisation peut être apportée aux secteurs traditionnels grâce à la numérisation et à l’IA.
Il n’y a pas suffisamment d’emplois hautement qualifiés pour répondre à l’offre de jeunes instruits, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire.
Il sera essentiel de maintenir le développement des compétences au même rythme que l’évolution des demandes de compétences vertes et numériques pour réduire les inadéquations en matière d’éducation.
Le nombre croissant de conflits menace les moyens de subsistance futurs des jeunes et peut les pousser à la migration ou à l’extrémisme.
Les tendances démographiques, notamment le « séisme de jeunesse » en Afrique, qui implique la création de suffisamment d’emplois décents, seront essentielles pour la justice sociale et l’économie mondiale.
Le rapport appelle à des investissements accrus et plus efficaces, notamment pour stimuler la création d’emplois avec une cible spécifique pour les emplois des jeunes femmes, renforcer les institutions qui soutiennent les jeunes dans leurs transitions sur le marché du travail, y compris les jeunes NEET, intégrer l’emploi et la protection sociale pour les jeunes, et lutter contre les inégalités mondiales par une meilleure coopération internationale, des partenariats public-privé et un financement du développement.



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