Recours aux enseignants retraités dans les lycées et collèges : l’école béninoise en difficultés

26 octobre 2023

« Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple ». En mettant l’acquisition du savoir sur un piédestal, le philosophe Danton avait compris, à son époque, bien avant Victor Hugo, à quel point, « l’école est sanctuaire autant que la chapelle ». Il faut croire que cette perception n’est pas encore suffisamment partagée. Au Bénin, si des efforts sont consentis par les pouvoirs publics dans ce secteur, ceux-ci sont loin d’être suffisants. Le fossé entre les besoins et la réalité est si difficile à combler qu’il faut une réforme et des projections d’envergure pertinente accompagnées d’une volonté politique manifeste pour faire bouger sensiblement les lignes. Aux problèmes liés au manque d’infrastructures et de matériels, vient s’ajouter celui des ressources humaines de qualité.
Comme pour enfoncer le clou, le directeur départemental des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle du Borgou s’est invité dans le débat. En demandant aux enseignants certifiés admis à la retraite, spécialistes du Français, des Mathématiques et de la Physique Chimie et Technologie de renouer avec la craie, il est évident que la situation est critique. Certes, faire recours aux enseignants admis à la retraite n’est pas un problème en soi. Leur expertise permettra toujours de faciliter l’acquisition du savoir aux apprenants. Ce qui surprend, c’est de laisser des milliers de jeunes sur le carreau alors que l’anticipation aurait voulu que ceux-ci soient formés et guidés par les plus anciens qui sont sollicités aujourd’hui en leurs lieu et place. Comment en est-on arrivé là ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Pourquoi n’a-t-on pas anticipé ? Sur la base des constats actuels et en se fiant aux projections statistiques, que fait-on pour corriger le tir afin de doter à l’avenir nos écoles de formateurs outillés et en nombre suffisant ?
Les deux plus grandes universités publiques, pour ne citer que celles-là, forment chaque année des milliers d’étudiants en langues modernes, en linguistique, en mathématiques et en physique chimie. Pourquoi ne pas leur enseigner la pédagogie en situation d’apprentissage et les envoyer en stage dans les différents établissements scolaires pour leur donner d’une part le goût de l’enseignement et d’autre part susciter de nombreuses vocations dans leurs rangs ? Que gagne-t-on à gérer l’école à la petite semaine ? Quels rendements et quel degré de compétitivité dans un monde globalisé voulons-nous pour les jeunes apprenants formés dans ces conditions ? La requête du directeur départemental a tout l’air d’un SOS. Il faut pouvoir se mettre à la tâche pour corriger ce problème au bout de dix, quinze ou vingt ans. Le nœud gordien du bon enseignement, au-delà de la connaissance et de la pédagogie, demeure le souci de la motivation financière. On ne le dira jamais assez. L’enseignant n’est pas condamné à convoler en justes noces avec la galère.



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