Renforcer les capacités des membres des mécanismes locaux de règlement de conflits sur le dialogue communautaire et les techniques de règlement des conflits. Tel est le but de l’atelier qui a eu lieu le 21 octobre dernier à Karimama et à Malanville. Initié par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Royaume des Pays-Bas à travers le Projet d’Appui au Renforcement de la Cohésion Sociale, à la Prévention de l’Extrémisme Violent et à la Lutte contre les Conflits liés à la Transhumance, cet atelier a réuni des autorités locales capables d’intervenir dans la prévention et le règlement des conflits. Les experts commis pour cette formation ont donc entretenu les participants sur les conflits, le dialogue communautaire, les qualités des membres de gestions de conflits, les principes de base pour la constitution d’un comité de règlement de conflit, la nécessité de la présence dans les comités de règlement de conflits de toutes les couches sociales surtout des femmes et les jeunes, les techniques de règlement de conflits. « Pour faire la paix, cela commence déjà à partir de la maison. Quand il y a un problème avec les enfants, avec maman à la maison, il faut qu’on se parle. Quand on se parle, on sait là où il y a eu des fausses notes, chacun reconnait sa faute et on continue à vivre ensemble. C’est la même chose avec le voisin au village. Si un voisin a mal agi, au lieu de faire la bagarre, il faut l’appeler, discuter avec lui et vous vous comprenez. C’est la même chose avec les éleveurs, les agriculteurs », a précisé Sakinatou Bello, Coordonnatrice du Projet.
A l’issue de ces assises, certains participants ont exprimé leur satisfaction d’avoir participé à cette rencontre instructive.
Ils ont dit
ASSANE Daouda, Chef quartier Tossi-Tedji Bani-zoubou, Président des chefs de quartiers de la commune de Malanville
« Sincèrement à la fin de la séance, on a vu que la formation est très nécessaire pour nous. La formation a abordé des sujets qui nous gênent aujourd’hui dans la commune de Malanville surtout les conflits entre éleveurs et agriculteurs, entre les familles, entre propriétaires terriens et acquéreurs de parcelles. Avec cette formation, on a trouvé des idées qui vont nous aider à faire beaucoup de choses pour qu’on puisse s’entendre dans les familles, qu’on puisse aussi vivre en paix dans les villages. C’était très nécessaire pour nous. Cela va nous aider, nous en tant que chef de quartier. »
BAKO Lahanatou, Femme leader
« Cette formation m’a apporté beaucoup de choses. J’ai suivi l‘intervention de la coordonnatrice et aussi du formateur. J’ai aimé la formule imagée du formateur qui a comparé les problèmes à un arbre. Pour finir avec le problème, il faut déraciner l’arbre et il a montré comment on peut régler les problèmes. Il a insisté sur le fait qu’il faut résoudre les problèmes à l’amiable. Il faut voir les membres du comité avec le chef quartier ou s’il le faut remonter au chef d’arrondissement. J’ai aimé. Mais il y a des gens qui directement, lorsqu’il y a un petit problème vont au commissariat sans même voir le chef quartier et on voit les forces de sécurité débarquer dans le quartier. Mais à partir de ce moment, pour régler le conflit, cela devient compliqué car du fait que l’affaire est allée au commissariat, des protagonistes restent braqués. Il faut que les gens comprennent qu’il faut un peu de retenue dans ce qu’on veut faire et chercher autant que possible à régler les choses à l’amiable. C’est souvent un petit problème qui conduit à des pertes en vies humaines. Par exemple avec les conflits entre agriculteurs et éleveurs, on tue des bœufs, on brûle des cases et parfois des gens sont dans ces cases là au moment où on met le feu. Ce n’est pas normal. C’est bien que le projet soit venu ici et former les gens sur ces situations. Je tiens à remercier le PNUD et le Royaume des Pays -Bas pour cet accompagnement. »
BAKO Gouré Assouma, Chef village de Madekali-Zongo
« Vraiment nous sommes contents, très contents et très fiers de la formation que nous avons reçue ce matin. Il y a des conflits et nous sommes obligés de gérer cela à notre niveau pour que cela ne dégénère pas et que cela n’aille pas à un autre niveau. Mais il faut reconnaitre que les gens ont tendance à tout politiser. Quand les gens ne sont pas du même parti politique, quand il y a un petit problème, ils se lèvent et directement ils vont au commissariat. C’est quand cela arrive au commissariat, que les commissaires nous appellent et nous demandent si on est au courant. On leur dit non et ils nous renvoient les gens pour qu’on gère les problèmes à la base. Mais le fait que l’affaire est allée au commissariat fait que la tension monte entre les protagonistes et cela complique le règlement. Mais on essaie de gérer. Cette formation vient renforcer nos capacités dans la gestion de ces conflits. On remercie le gouvernement, le Royaume des Pays-Bas et le PNUD pour leurs appuis. »
NAMATA Samsia, Relais communautaire de Bodjekali-Château
« Dans mon quartier en tant que relais communautaire, c’est nous qui réglons les problèmes à la base. Si cela ne marche pas, on va chez le chef village. Donc vous voyez que cette formation est importante pour nous. Nous avons suivi et nous avons beaucoup appris. Je suis très fier de cette formation qui non seulement m’a sensibilisée par rapport à la gestion de certaines situations personnelles, ensuite la formation me sera d’une grande utilité pour le règlement des conflits dans ma localité. »
MOUMOUNI Oumarou, Vice-président de l’Union d’arrondissements des groupements professionnels d’éleveurs de ruminants dans l’arrondissement central de Malanville
« La formation a sa raison d’être surtout dans la commune de Malanville car cette commune a deux grands problèmes. C’est la politique et l’impunité. Tout est politisé dans la commune. Il y a certains chefs quartiers et chefs d’arrondissement qui politisent tout. Par exemple quand vous avez un problème entre vous et le chef quartier ou chef d’arrondissement de votre localité, quand vous n’êtes pas du même bord politique que ce dernier, votre problème ne sera pas résolu. Votre dossier va rester là. Aussi, quand les gens font de dégâts ou des tueries, les dossiers trainent et cela fait que les mêmes situations reviennent à chaque fois. Les couloirs de passage pour les bœufs ne sont pas respectés. Les points d’eau pour les bœufs ne sont pas respectés. Si nous voulons une bonne cohabitation entre agriculteurs et éleveurs, il faut qu’au moins les pistes de passage des bœufs soient respectées ; qu’aucun agriculteur n’ait le droit d’aller faire un champ au bord de la piste de passage des bœufs ou au niveau des cours d’eau des bœufs. Dans ce cas-là, il n’y aura pas de problèmes entre agriculteurs et éleveurs. Mais une fois que ces dispositions ne sont pas respectées, il y aura toujours de problèmes entre agriculteurs et éleveurs. Et il faut que nos autorités sachent à quel moment il faut faire de la politique et à quel moment ne pas faire la politique. Il faut savoir punir les gens et faire un effort pour que les coupables dans différentes affaires soient poursuivis par la justice et punis. »
SANDA Namata, Agropasteur arrondissement de Guéné
« Je suis vraiment content pour avoir assisté à cette formation. D’abord mes premières impressions positives c’est le fait que les éleveurs et agriculteurs sont regroupés dans la salle. Il n’y a pas eu la distinction d’appartenance professionnelle ou ethnique. C’est une bonne chose. De plus, on nous a formés sur le maintien de la paix ; comment faire pour que la paix règne dans notre commune, dans nos différentes localités. Nous avons appris à mieux vivre ensemble ; à gérer les conflits qui vont arriver car quand on cohabite, on est sûr aussi d’avoir des conflits. C’est donc une bonne formation selon moi et désormais nous allons nous asseoir pour régler les conflits car par le passé on ne savait pas comment gérer ces conflits. »
KOSSOUKOE Zihadatou, Représentante de l’association des jeunes de Trozougou, arrondissement de Gunéné
« J’ai mieux compris les conflits qui existent entre les communautés. Par exemple les conflits entre agriculteurs et éleveurs ; les conflits dans les couples ; les conflits fonciers, les mésententes entre les ethnies. Cette formation m’a donné plus d’informations sur ma commune. J’ai appris comment on peut régler ces problèmes. Cela nous donne des outils pour pouvoir sensibiliser les nôtres par rapport à la paix, à la cohésion sociale. »
- 6 novembre 2024
- 6 novembre 2024