Rentrée scolaire 2024-2025 : Les AME prêts mais des inquiétudes…

3 septembre 2024

À deux semaines de la rentrée scolaire, les aspirants au métier d’enseignant (AME) se préparent activement à remplir leur vocation. Ils se disent prêts à reprendre les activités mais il subsiste quelques inquiétudes sur l’effectivité des engagements du gouvernement à leur égard.

« Je suis prêt pour le début de l’année scolaire », déclare Jérôme Gbewa, enseignant de français dans un collège de Zè. Il se prépare à entamer sa 10ème rentrée en tant qu’enseignant et a pris les dispositions professionnelles nécessaires pour assurer une reprise sereine. De nombreux aspirants au métier d’enseignant, comme lui, mettent à jour leurs fiches de cours, élaborent des stratégies et rassemblent les ressources nécessaires pour offrir un enseignement de qualité et aider les apprenants à intégrer les notions enseignées. Pascal est enseignant des mathématiques dans un collège à Banikoara, il est prêt à relever le défi. « Il faut rendre les Maths plus faciles aux enfants, puisqu’ils les considèrent comme une bête noire. Nous ne comptons pas rester les bras croisés. Nous faisons déjà des propositions aux conseillers pédagogiques et aux inspecteurs ». De nombreux enseignants se disent prêts à accueillir les élèves le 16 septembre prochain conformément au calendrier scolaire 2024-2025 établi par les ministères de tutelle. Certains, comme Patrice Ogou, enseignant de français, ont déjà confirmé leurs disponibilités, en réponse à l’appel du Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP), témoignant ainsi leur volonté d’exercer pour le compte de cette année scolaire. Néanmoins, malgré la bonne volonté dont ils font preuve, plusieurs inquiétudes subsistent.

Attentes et inquiétudes : « Nous voulons désormais du concret »
Bien qu’ils bénéficient, depuis mars 2024, d’une assurance maladie, d’une prime d’engagement mensuelle de 20 000 FCFA, d’une rémunération sur 12 mois, des congés de maternité aux AME de sexe féminin et d’une exonération des frais de scolarité de leurs enfants, les AME appréhendent une nouvelle année scolaire sans grande amélioration de leurs conditions de vie et de travail. L’ineffectivité de leur reversement en agents contractuels de droit public de l’Etat (ACDPE) demeure la première attente qu’ils espèrent voir se concrétiser pour cette année scolaire 2024-2025. « Tout homme qui travaille aspire toujours à une meilleure revalorisation. Nous voulons que le gouvernement tienne sa promesse en ce qui concerne le reversement. Nous voulons du concret », souligne Beau Gar Chinada, aspirant au secondaire. Abondant dans le même sens, Jérôme Gbewa espère non seulement que le quota horaire des AME soit équivalent à celui des ACDPE mais également que les salaires soient ajustés en fonction des diplômes. « J’espère que les modalités de reversement ne seront pas punitives et que les nouveaux diplômes des AME seront pris en compte car, bien qu’exerçant déjà, beaucoup étudiaient parallèlement avec l’espoir que, lorsque le gouvernement serait prêt à recruter, ils pourront composer avec le plus grand diplôme qu’ils ont obtenu », a-t-il déclaré.

La formation mise en parenthèse ?
La question de formation continue est également un enjeu de taille pour les aspirants au métier d’enseignant. En réalité, certains AME, malgré plusieurs années d’expérience, déplorent n’avoir jamais bénéficié de formations complémentaires. Bien qu’ils participent déjà aux Animations Pédagogiques Zonales, ils expriment le besoin de programmes de recyclage pour renforcer leurs compétences, affiner leur pédagogie et par conséquent, améliorer la qualité de l’enseignement dans les différents établissements scolaires du Bénin. Pascal Agani souligne : « Il est vrai que nous sommes déjà sur le terrain, mais il est impératif que nous continuions à nous former. Nous avons réellement besoin d’une formation continue ».

Les difficultés liées aux aléas climatiques
De plus, les préoccupations liées aux inondations, notamment dans les zones sujettes à des crues ou à des pluies diluviennes, posent un problème majeur. Pascal Agani, enseignant de mathématiques à Banikoara, exprime ses inquiétudes quant à l’accès aux établissements scolaires inondés. En effet, les pluies abondantes d’août dans le Borgou et l’Alibori ont déjà causé des dégâts importants notamment dans les communes de Tchaourou et de Karimama, affectant les infrastructures et nécessitant l’intervention des cellules de gestion des risques et catastrophes et d’adaptation aux changements climatiques. « Comment est-ce que la reprise va s’effectuer surtout pour les élèves du primaire s’il y a des écoles inondées ? Comment les enseignants auront-ils accès aux salles de classe si elles sont immergées pour travailler avec les enfants ? », s’interroge-t-il. Il appelle par ailleurs, le gouvernement à prendre des mesures préventives pour limiter les dégâts. La préoccupation des inondations qui perturbent les activités pédagogiques n’est pas nouvelle au Bénin où dans certaines régions, les eaux pluviales prennent d’assaut des établissements scolaires. En 2023, par exemple, le Ministère de l’intérieur et de la sécurité publique a recensé 211 écoles sinistrées suite aux pluies diluviennes qui ont sévi dans trente-deux communes de juillet à décembre. Aussi, la rentrée scolaire 2023-2024 avait-elle été retardée pour les apprenants vivant dans les régions sinistrées.
Il faut noter que les Aspirants au Métier d’Enseignant se montrent déterminés et engagés pour la rentrée scolaire. Il reste alors la résolution des problèmes structurels et la mise en œuvre effective des engagements gouvernementaux pour garantir une reprise sereine et efficiente.
Ardiès SIANOU (stag)



Dans la même rubrique