Secteur funéraire au Bénin : Des réformes oui, l’application surtout !

10 juillet 2024

Les morts en transit dans les morgues peuvent reposer en paix. A travers le décret N°2024-991 en date du mercredi 19 juin 2024 portant réglementation du secteur funéraire au Bénin, le Chef de l’État Patrice Talon a mis de l’ordre dans le secteur funéraire. Fruit de longues luttes menées par Médard Koudébi, Consultant en santé publique ; spécialiste de l’hygiène funéraire, de prévention des risques et des épidémies, ce décret vient sonner le glas de certaines pratiques naguères courantes dans les morgues publiques, privées et traditionnelles. En clair, le décret a organisé les activités liées à la conservation des dépouilles mortelles dans un funérarium, la planification intégrale des funérailles, la gestion des cimetières et la sculpture sur pierre tombale, l’inhumation et les normes au sein des morgues. En tout état de cause, le secteur funéraire est sacré en ce sens qu’il s’agit ici des corps sans vie. Mener des activités lugubres et malsaines relève du satanisme sans précédent. « Quand tu décèdes dans les hôpitaux publics, le corps est gardé sur place pour obliger les parents à payer les frais de soins que le défunt a reçus. A cela s’ajoute plus de 3000 F par jour de frais de conservation. Les corps sont donc confisqués. Cette situation fait que les gens les abandonnent parce qu’ils ne peuvent pas payer. La deuxième vague des corps abandonnés, ce sont les filles qui travaillent souvent dans les restaurants. Elles viennent du Togo ou d’autres pays voisins. Quand elles décèdent, ne sachant pas où les mettre, les gens vont les déposer dans les morgues privées sous une fausse identité et disparaissent dans la nature en changeant leurs numéros de téléphone », révèle Médard Koudébi. C’est aussi un secteur où le trafic d’organes humains bat son plein. Il fallait un règlement pour mettre fin à ces actes inhumains.

Le péché de l’application
La réforme du secteur funéraire longtemps attendue donne l’impression d’un ouf de soulagement et que tous les problèmes sont réglés. Mais le défi au Bénin, c’est l’application des décrets pris pour corriger certains dysfonctionnements dans la société. Il s’agit par exemple de la Loi N° 2017-39 du 26 décembre 2017 portant Interdiction de la production, de l’importation, de l’exportation, de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation de sachets en plastique non biodégradables en République du Bénin, de la Loi n°2022-04 du 16 Février 2022 sur l’hygiène publique en République du Bénin et du Décret N°2022-301 du 25 mai 2022 portant règlementation du bruit en République du Bénin. A ce jour, il est fréquent de constater que ces décrets servent seulement à orner les placards au lieu de servir à interdire les sachets qui pullulent, la mauvaise hygiène qui bat son plein et la pollution sonore dans les restaurants, églises et mosquées. Il faut craindre que le nouveau décret subisse le même sort. Une application rigoureuse permettra d’assainir le secteur afin que les vivants aient enfin du respect pour les morts.



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