A l’heure du laitier au domicile de Annielle Agblo, marmite, casserole, bassine et d’autres ustensiles de cuisine retentissent déjà. Ses bébés jumeaux et la menace de la pluie ne l’empêchent pas d’être sur pied. Pour Annielle, il n’est pas question de faire attendre les premiers clients en quête de l’Akassa chaud accompagné du fromage à base du soja communément appelé en langue Fon ‘’Amon soja’’. C’est ce qui fait qu’elle se lève tôt ce lundi pour être entre deux grands foyers : l’un pour préparer l’Akassa et l’autre, pour frire le fromage du soja. C’est un travail de longue haleine qu’elle entreprend au quotidien. Avant l’étape de la cuisson et celle de servir les clients, un sérieux travail en amont se fait. Ce qu’elle dévoile sans langue de bois. « Il faut d’abord acheter le soja et venir le tremper. Je prends une petite quantité de 3000F CFA car je n’ai pas encore assez de moyen. Après, je passe au moulin, je reviens mettre la farine trempée dans le sac pour le presser correctement, le remettre sur le feu pour bouillir proprement et le découper après en de petits morceaux avant de le frire. Et c’est cela qu’il faut servir aux clients », détaille-t-elle. Au même moment qu’elle fait frire les morceaux de soja, de l’autre côté à quelques pas, une grosse marmite de la bouillie qui doit servir à préparer l’Akassa bouillonne sur un feu ardent. Quelques temps après, la friture de soja est finie, place à la préparation de l’Akassa. Pendant ce temps, deux clients sont au rendez-vous plus tôt que prévu. « Allez et revenez dans quelques minutes. Sinon, j’envoie les enfants vous le signaler dès que c’est prêt », leur répond-elle après avoir pris note de leurs commandes. Au terme de la cuisson, dame Annielle passe à la phase d’emballage de la boule d’Akassa au prix de 50 F CFA l’unité.
« C’est un régal, ce qu’elle prépare »
Dans le même temps de l’autre côté où les morceaux de soja sont frits, le piment déjà écrasé est sur le feu avec un peu d’huile ajoutée y compris les assaisonnements. Munis de glacières ou assiettes chez les uns et commandes emballées chez d’autres, les clients passent à tour de rôle jusqu’à satisfaction. « On peut dire qu’avec ce qu’elle prépare, c’est un bon régal. Non seulement elle prépare cela bien mais surtout c’est chaud. Quand vous mangez cela, vous pouvez rester sans manger jusqu’à l’après-midi avant de manger une autre chose. Il faut aussi souligner qu’elle n’est pas chère », confie un client. Après les clients qui viennent à la maison, les filles aînées de Annielle doivent s’apprêter pour aller à la rencontre d’autres clients des parages pour épuiser le stock du jour. Annielle, à propos de cette spécialité culinaire apprise aux côtés de sa grande depuis son jeune-âge, confie dans le feu de l’action que c’est plein de difficultés. « D’abord, il y a le feu. Chaque jour, je suis en contact avec le feu ardent et à des moments donnés, cela rend malade. Il y a aussi le fait que tout est devenu très cher. Ce qui fait qu’avec mes maigres moyens, je suis obligée de produire une petite quantité. A cause de cela, je ne réalise plus assez de bénéfice. Les clients apprécient et achètent. Si je pouvais préparer une quantité un peu plus suffisante, je gagnerais raisonnablement », signale-t-elle. Elle se plaint aussi du manque de soutien financier. « Si une bonne volonté peut m’assister financièrement, ou encore, si je peux avoir accès aux structures étatiques de prêt, cela pourra me faciliter la tâche. C’est ce qui me permet aussi d’apporter ma part de contribution aux charges du ménage », fait-elle savoir. En attendant une aide extérieure, Annielle se contente de faire ce qu’elle peut pour le plaisir de ses clients.
Fidégnon HOUEDOHOUN
- 14 octobre 2024
- 14 octobre 2024