Par le passé ils ont pour nom, ‘’vacataire’’. Mais cette appellation est révolue depuis quelques années et désormais, ils sont désignés comme Aspirants aux Métiers d’Enseignant (AME) qu’ils soient en service dans un Collège ou dans une école primaire. Et si, depuis quelques mois, certains ont vu leur situation s’améliorer à travers des mesures prises par le Gouvernement, il faut dire que bon nombre d’entre eux vivent encore le martyre sinon dans le gouffre parce qu’en service dans une école privée. C’est le cas de Exialle et Reivilo qui retiennent notre attention. Ils sont respectivement en service dans une école primaire privée à Cococodji dans la commune d’Abomey-Calavi et dans un Complexe scolaire basé dans l’arrondissement de Godomey.
Ce sont les vacances ! Les écoles béninoises ont fermé leurs portes depuis quelques semaines déjà. Occasion pour élèves et enseignants de se reposer afin de mieux préparer la prochaine année scolaire sur tous les plans. Mais pour Exialle, une institutrice, c’est tout autre chose. « Pour moi, les vacances sont une période de casse-tête, de galère, misère, de peine, etc. », affirme-t-elle, toute pensive dans la soirée de ce lundi, assise sur un tabouret à l’entrée de sa chambre. 25 ans environ, taille imposante, teint noir, elle travaille depuis près de 03 ans dans une école primaire privée située à Cococodji. En effet, comme le public, ils adoptent le même calendrier scolaire établi bien évidemment par le ministère de tutelle. Le comble, « c’est que nous ne sommes pas payés 09 mois sur 09. Mieux, quand viennent les congés, il y a des calculs qui se font afin de cumuler les jours de repos et les soustraire après, et plein d’autres choses… », raconte la jeune femme toute émue comme si elle avait besoin de se justifier par autre moyen.
Le plus dur…
Le plus dur pour la ressortissante de l’une des communes du département de l’Ouémé, est que le salaire n’est pas grand-chose. « Je ne gagne que des miettes pour penser économiser afin de gérer les périodes de vacances. A vrai dire, je suis en dessous du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) fixé, depuis le 1er janvier 2023, à 52.000 f CFA », fait-elle savoir. Et c’est dans cela que je dois payer le loyer mensuel qui s’élève à 12.000f CFA, les besoins primaires, soutenir la famille etc », déballe la jeune femme, titulaire d’un Baccalauréat. Comme elle, Reivilo est enseignant de PCT dans un Complexe Scolaire de Godomey. Sa situation, est tout aussi comparable à celle de Exialle. Reivilo est originaire du département des Collines. Titulaire d’une licence en Physique fondamentale obtenue à la Faculté des sciences et techniques (Fast) de l’Uac, le jeune homme, vaille que vaille a pu tenir le coup malgré les difficultés rencontrées au quotidien durant toute l’année scolaire. Selon ses confidences, il est payé à 500f CFA l’heure. « Au finish, je me retrouve à environ 60.000 f CFA par mois. Le comble est que je n’ai pas encore une moto et je parcours en moyenne 5 Km pour aller au cours. En gros, il n’y a rien comme économie », raconte-t-il. La situation de Reivilo et de Exialle, tout comme leurs autres confrères d’ailleurs c’est simplement « aberrant ». Même s’ils avaient des cours de maison, poursuivent-ils, les parents d’élèves « ne se soucient même pas de nous. Il y a deux qui me doivent trois mois de salaire de 15.000f CFA. C’est triste ! C’est inhumain !, fustigent-ils ».
Une approche de solution
Conscients qu’ils ne peuvent pas survivre avec ces « maigres moyens », les deux jeunes semblent trouver des alternatives chacun de son côté. « Je peux avouer que je suis en train de penser à vendre quelques fruits mais là encore rien n’est officiel et donc, ça reste une pensée », annonce Exialle. De son côté, Reivilo qui est rentré au village depuis quelques semaines « fait le champ avec ses parents en attendant que les fruits tiennent la promesse des fleurs ».
Un brin d’espoir
Si Exialle a participé par deux fois déjà, au test de recrutement des AME organisé par l’exécutif et à toutes les fois été recalée, Reivilo se prépare très activement pour affronter les épreuves du prochain test que le Conseil des ministres du mercredi dernier a annoncé. Mon seul souci est de pourvoir réussir à ce test afin d’être soulagé même si là-bas, ce n’est pas encore totalement rose », annonce-t-il. Exialle devra donc patienter jusqu’à une nouvelle vague de recrutement dans le primaire afin de tenter une troisième fois sa chance. Mais en attendant, elle est partagée entre espoir et sourire.
Somme toute, il clair que le secteur privé de l’enseignement est dans le gouffre. Il faille donc prendre des mesures urgentes afin de soulager la peine de ces enseignants qui, pour le moment, n’ont le choix que de vivoter.
Mahussé Barnabé AÏSSI (Coll.)
- 14 octobre 2024
- 14 octobre 2024