Titulaire d’une licence en droit des affaires et carrière judiciaire, Evodie Fio est activiste des droits humains. Secrétaire général adjointe de Amnesty International groupe de Godomey Togoudo, elle milite pour les droits des enfants et des personnes en situation de handicap. Son expérience la convainc que le vrai handicap se trouve dans les barrières mentales que se posent les personnes.
Frédhy-Armel BOCOVO (Coll)
Dans une lettre à ma meilleure amie,
Chère Carine,
Ma tendre amie,
j’espère que tu te portes très bien. C’est à toi que je me confie car je sais que tu liras cette lettre avec une attention particulière au nom de ce qui nous lie et de ce que nous avions traversé.
C’est avec une grande peine, tristesse, amertume que je t’écris cette lettre. Tu me connais mieux que quiconque, tu es la seule qui m’a vraiment considérée. Tu sais très bien ce que j’ai enduré ces deux dernières années. Tu es la mieux placée pour connaître la raison de mon engagement pour la cause des Personnes en Situation de handicap (PSH). J’ai la ferme conviction que le handicap n’est pas une fatalité, ni une limitation, ni un obstacle à la participation de la vie en société. Mais force est de constater aujourd’hui que l’inclusion sociale des PSH est un défi majeur.
Ma sœur d’une autre mère, comme j’ai l’habitude de t’appeler ; je me réjouis car toi, tu le sais : les PSH sont des êtres humains qui disposent des mêmes prérogatives que les autres. Et c’est ce que tu soutenais d’ailleurs en me défendant contre les injures, les discriminations, et les moqueries auxquelles j’étais confronté. Tout cela m’a permis de comprendre beaucoup de choses et de pouvoir accepter ma situation. Dans mon militantisme, j’ai fini par comprendre : le vrai handicap, c’est dans la tête. Les PSH ont tendance à se limiter elles- mêmes en raison de leurs situations.
Ma tendre amie ; ce qui me touche et me fait couler des larmes à chaque fois que j’y pense est la situation des femmes handicapées. Ces femmes sont confrontées à toutes sortes de violences. Au nom du handicap, elles se laissent faire, subissent ces violences et n’arrivent pas à dénoncer. Cela ne devrait pas être le cas car elles ont des droits et sont protégées par la loi. Les personnes en situation de vulnérabilité sont toutes protégées par la loi. Être femme handicapée n’est pas une maladie. Ce n’est pas une fatalité. On ne l’a pas choisi. La solitude non plus. Alors ma joie est grande, de pouvoir compter sur toi dans cette lutte afin que la population favorise l’inclusion sociale des personnes en situation de handicap. Il me tarde de te lire, ma chère sœur.
À très vite !
Ton Evodie qui t’adore