Depuis l’association des étudiantes du Bénin qu’elle a créée à l’ex-UNB avant les années 2000, Huguette Akplogan Dossa s’est tracée un riche parcours militant et associatif. Reconnue à l’international pour son leadership, l’ancienne Peace Lady du Bénin préside actuellement le Business and Professional Women (BPW) Abomey-Calavi de même que la section béninoise du Réseau africain des femmes leaders (AWLN Bénin). Doctorante en gestion des projets et des organisations, l’aînée d’une fratrie de 06 enfants entreprend dans l’agrobusiness.
Frédhy-Armel BOCOVO (Coll)
Dans une lettre ouverte,
A mon père feu Hontonnou Prosper Bienvenu AKPLOGAN,
Cher Papa,
J’espère que cette lettre te trouve près du Père, dans le domaine de qui tu résides désormais.
Lorsque l’on m’a demandé d’adresser une lettre à un être de mon libre choix, mon âme ne s’est pas troublée : je savais que ce serait toi, mon cher père. Il m’a semblé important de prendre mon temps pour t’écrire et partager avec toi quelques pensées et émotions.
Tout d’abord, je tiens à te dire à quel point je suis reconnaissante pour tout ce que tu as fait pour moi au fil des années.
Ta présence, ton soutien, ton encadrement et tes enseignements ont eu un impact immense sur ma vie, moi ton aînée d’une descendance de 6 enfants : trois filles et trois garçons. J’ai été bénie des cieux car je n’aurais pas pu demander un meilleur père.
En repensant à nos moments ensemble, que ce soit à Bangui en République Centrafricaine, à Brazzaville au Congo et enfin au Bénin, je réalise combien tu t’es sacrifié pour tes familles paternelle AKPLOGAN et maternelle ODOUNLAMI, pour ton épouse Yvette EDOH mais aussi et surtout pour nous tes enfants Serge, Eurydice Rodrigue, Bénédicte, Arthur et moi-même Huguette. Je peux t’assurer que cela n’est pas passé inaperçu. Les leçons que tu m’as enseignées sur la vie, la persévérance, la rigueur, le courage ou la gentillesse, ont façonné ma personnalité et m’ont aidé à grandir en développant mon leadership.
Bien sûr, comme dans toute relation, il y a eu des moments difficiles et des désaccords.
Combien de fois ne m’as-tu pas interdit de me rendre à mes séances d’entraînements et de jouer à mes championnats de handball au Bénin comme dans la sous-région ? Finalement, tu étais fier de savoir que ta fille était l’une des meilleures gardiennes de but mais aussi qu’elle a reçu le prix "Femme et sport" du Mérite du Comité International Olympique en l’an 2000 en ta présence au siège du CNOSB (Comité National Olympique et Sportif Béninois ) au stade de l’amitié.
Je sais intimement que tu tenais à ce que je réussisse. Je veux que tu saches que je chéris chaque instant passé à tes côtés, même les plus difficiles.
Ces expériences ont contribué à renforcer notre lien et à me faire comprendre davantage la valeur de l’amour d’un père, de mon père, grand musicien, guitariste et bassiste dans l’orchestre DAHOMELO de Porto-Novo et qui a fait des expériences réussies ou non en la matière. Bien que tu m’aies refusé de faire de la musique une carrière, tu ne m’as pas empêchée de chanter en 1986 au Lycée Toffa 1er et plus tard dans l’orchestre des Kasseurs de l’Université Nationale du Bénin où j’interprétais M’pongo Love et Guenshi Ever. Paix à leurs âmes !
Je suis consciente que parfois, les mots ne suffisent pas à exprimer tout ce que l’on ressent, mais je tenais à te dire combien je t’aime et combien tu as été, tu es et restes important pour moi. Ma vie est meilleure parce que tu as été là. J’espère que tu en es conscient même si c’est dans l’au-delà.
Merci à toi, papa. Merci, Monsieur AKPLOGAN !
"C’est moi, AKPLOGAN Bienvenu".
Te souviens-tu de cette phrase que tu as prononcée le 14 août 1999 ?
Je ne l’oublierai jamais. Je m’en souviens comme si c’était hier. Tu répondais ainsi à la question : "Qui donne cette femme à cet homme ?"
La femme, c’était moi et tu as fait mon grand bonheur. A cet instant précis, tu as subtilement passé le témoin à ton gendre, Maxime Sosthène DOSSA : un Professeur de Lettres, homme cultivé et stylé mais également très pointilleux et d’un soutien indéfectible pour moi. Il a pris le relais de fort belle manière. Il joue sa partition en me protégeant dans toutes mes luttes et dans toutes les actions que j’entreprends sans cesser de veiller sur la famille pendant mes nombreux voyages.
Quelle ne fut mon heureuse surprise de constater que vous étiez devenus complices, lorsque tu étais venu passer quelques mois avec nous à Godomey puis à Calavi pendant tes convalescences ? Mais cette fameuse maladie a eu raison de toi un triste samedi, le 14 octobre 2017.
Bientôt 7 ans que tu es parti et je n’arrive toujours pas à faire mon deuil. Mais j’ai une forte conviction que tu es toujours là. Il m’arrive encore de penser qu’aux heures auxquelles tu avais l’habitude de m’appeler, que le téléphone sonnerait et que tu demanderais comme toujours "comment t’en sors-tu, ma fille ?". Je souris légèrement car ta phrase sentencieuse me revient encore à l’esprit : "Guetto" (diminutif de Huguette) ma fille, tu feras tout, sauf la politique !
Merci papa de m’avoir montré le chemin de l’abnégation, de l’endurance et surtout de l’accompagnement de mes sœurs béninoises et africaines avec mes talents. Je te suis surtout reconnaissante de m’avoir prévenue de ce que ce milieu est subtil et qu’il faut être téméraire pour y aller.
J’espère que la mission noble que tu m’as confiée (celle de m’occuper de ta tendre épouse), j’arriverai à l’accomplir et aussi à veiller sur toute la famille. J’aurais bien voulu que Dieu t’accordât un peu plus de temps avec nous mais il t’aime plus que nous.
Merci d’être le père extraordinaire que tu es.
Avec tout mon amour,
Ta Guetto.
- 2 octobre 2024
- 1er octobre 2024