Titulaire d’un BTS en administration numérique des entreprises, Emmanuella Marie-Rose Lalèyè est championne de la discipline sportive "bras de fer". Combative, la jeune femme revient sur le parcours qui la fait préférer être appelée Phénix, référence faite à l’oiseau mythique qui renaît de ses cendres.
Frédhy-Armel BOCOVO (Coll)
Dans une lettre adressée à la femme sportive,
Vous qui me lisez,
En cette journée spéciale dédiée aux femmes, je me permets de partager avec vous mon parcours sportif, une histoire qui a été tissée avec persévérance, passion et détermination. Je m’adresse à vous, non seulement en tant que femme, mais aussi en tant que sportive. Le sport est une passion qui a façonné ma vie depuis ma tendre enfance.
Enfant, j’ai toujours ressemblé à un garçon, et mon amour pour le sport, en particulier le football, était palpable. Mes journées étaient remplies du son d’un ballon rebondissant et des rires qui accompagnaient chaque match improvisé dans la rue. Mon rêve était simple mais puissant : devenir footballeuse internationale.
Cependant, la vie m’a confrontée à un défi inattendu, un problème de santé qui semblait être un mur infranchissable entre mon rêve et moi. Le médecin a prononcé des mots difficiles à accepter, mais au lieu de me laisser abattre, j’ai trouvé une nouvelle force en moi. J’ai découvert d’autres facettes du sport, adaptant ma passion à ma réalité changeante. J’ai entrepris le chemin de la reprise du sport après une première épreuve de maladie. J’ai commencé lentement, avec des activités douces, reconstruisant ma force et développant ma résilience. Néanmoins, quelques années après, le destin m’a encore joué un vilain tour, me faisant retomber dans la maladie, nécessitant cette fois une intervention chirurgicale.
Après l’opération, le médecin a émis des avertissements sévères, interdisant certains aliments et surtout certaines pratiques sportives à risques pour préserver ma santé fragile. Bien que découragée, j’ai puisé dans ma détermination pour me remettre sur pied. Malgré les recommandations prudentes du médecin, j’ai refusé de laisser la maladie dicter ma conduite et diriger ma vie. Avec prudence et en écoutant attentivement mon corps, j’ai repris le sport progressivement. Chaque petit succès était une victoire sur mes interdictions, et chaque défi relevé renforçait mon esprit combatif. J’ai trouvé un équilibre délicat entre ma passion pour le sport et ma santé fragile jusqu’à ce jour.
Mon chemin a pris une tournure inattendue en 2023. Après avoir surmonté les épreuves liées à la maladie, je découvre par hasard un sport méconnu : le bras de fer sportif. Je dirai que cette discipline est venue me trouver. Intriguée par la force et la technique qu’elle requiert, je plonge tête la première dans son univers musculaire. Ma première compétition était un défi, mais mon esprit compétitif et ma résolution inébranlable m’ont propulsée vers l’excellence. Chaque entraînement est devenu une célébration de la vie retrouvée, une affirmation physique de ma victoire sur ma fragile santé.
Au fil des jours et des mois, mon nom s’est mis à rimer avec le succès dans le monde du bras de fer sportif. Des victoires spectaculaires, des moments de tension sur la table, mais surtout, une transformation physique et émotionnelle éblouissante pour moi qui suis venue de loin. Cette discipline sportive, jadis inconnue, est devenue le catalyseur de ma renaissance. Je regarde en arrière avec gratitude envers Dieu et envers le bras de fer sportif, un compagnon inattendu dans mon voyage vers la guérison.
Aujourd’hui, c’est avec une humble fierté, que je peux me présenter à vous comme la championne en titre internationale de ma catégorie. Ce n’est pas simplement un titre, mais le résultat d’un engagement ferme et du refus de laisser des circonstances adverses définir qui je suis. Mon histoire n’est pas seulement la mienne, c’est une ode à la ténacité féminine, à la capacité de transcender les barrières imposées.
Je partage cette histoire, mon histoire, non pas pour susciter la pitié, encore moins pour me vanter. Je suis porté par le vif élan d’inspirer quelqu’un, peut-être une femme quelque part. Je m’ouvre et je me confie dans cette lettre pour que chaque femme qui lit ces mots, comprenne qu’il n’y a pas de rêve trop grand, pas d’obstacle trop insurmontable. Nous sommes toutes des championnes en puissance, prêtes à briser les plafonds de verre qui cherchent à nous retenir.
En ce 8 mars, célébrons non seulement les réalisations passées, mais nourrissons les rêves futurs. Encourageons les jeunes filles à suivre leurs passions, quelles qu’elles soient, et montrons au monde que la force féminine transcende les stéréotypes et à défier les normes. Ensemble, nous pouvons construire un avenir où chaque femme pourra se lever, assurée de sa capacité à surmonter les défis.
Je suis Marie-Rose Lalèyè,
Sportivement vôtre,
Phénix officiel.
- 2 octobre 2024
- 1er octobre 2024