Voix de femmes, Samuela Kossouoh s'exprime : « Ne recherchons plus l'égalité, elle est impossible »

23 mars 2023

Rédactrice web et forfaitiste, Samuela Candy Anfanie Kossouoh est aussi jeune slameuse. Titulaire d’une licence en administration culturelle puis d’une licence en anglais et business communication, celle qui aspire à devenir écrivain et scénariste parle ici de la femme béninoise.

Quelle est la place de la femme dans la société béninoise actuelle ?
Selon moi, la femme est au sommet de sa puissance, contrairement à tout ce que nous pouvons penser. Elle n’est peut-être pas sous les feux de la rampe mais je constate avec bonheur, qu’aujourd’hui la femme est plus battante que jamais. Je crois qu’elle a compris que son avenir ne dépend que d’elle. Alors elle commence à occuper la place qui lui a toujours été réservée, celle de l’artisan de son propre bonheur, au sommet de son propre empire. La place de la femme est celle de bâtisseuse de la nation, en ce sens qu’à quelque endroit où il y a des lacunes, il y a une femme pour soutenir la charpente.

Pensez-vous que les femmes sont victimes des hommes ou d’elles-mêmes ? Pourquoi ?
Selon moi, la femme n’est pas une victime...ou plutôt, n’en est plus une. Il est vrai qu’elle n’est pas à la plus haute place dans la société mais je crois que son statut actuel est suffisamment puissant pour la sortir des dominations les plus malsaines. Alors non, la femme n’est pas une victime de l’homme. Elle l’est peut-être de par sa propre inaction ou de par son rapport avec les individus de son genre. Toutefois, tenir le rôle de la victime, ça suffit. Que ça soit des hommes ou de la nature, ça suffit.

Que pensez-vous de l’égalité homme-femme ? Pourquoi ?
L’égalité homme-femme n’existe pas et n’existera jamais. Il faut arrêter de dire ça à nos enfants, nos petits frères et sœurs. Elle n’existe pas parce que déjà de façon naturelle c’est à dire physiquement, hommes et femmes ne sont pas égaux. Bien au contraire. Aussi, dans les façons de penser, d’agir ou de sentir, tout est différent. Même physiologiquement, nous sommes différents. C’est comme si vous disiez qu’un félin et un canidé étaient égaux. Ils n’ont d’égal que d’apparence. Et encore ? Leurs apparences sont furieusement différentes. On ne peut parler que d’équité. Elle consistera à donner les mêmes chances d’évoluer et de réussir aux hommes et aux femmes. Ne recherchons plus l’égalité. Elle est impossible. Mais si nous voulons être justes, nous serons équitables.

En raison de votre genre, vous auriez pu vivre une situation qui vous a frustrée sur le coup et qui pourrait vous faire rire aujourd’hui avec le recul.
Partagez avec nous cette anecdote/discrimination vécue ?

Je n’ai certainement pas vécu de situation de discrimination personnellement, venant des hommes. Mais, je me souviens qu’au secondaire, le professeur femme que j’ai eue, en histoire et géographie peinait à se faire respecter de ses élèves garçons. J’ai aussi remarqué que les femmes sont hypersexualisées. Et cela je l’ai vécu personnellement, surtout dans le monde professionnel et même dans les administrations. Les remarques sont tout de suite très sexuelles, et c’est à peine que les hommes voilent leurs intentions ou plutôt leurs pensées malsaines. Concernant les mauvais traitements, j’en ai subi plus venant de femmes que d’hommes. Du coup, entre hypersexualisation et mauvais traitements, je crois largement qu’on n’est pas au bout de nos peines.

Que diriez-vous :
- à votre mère si le temps était à remonter et toute votre éducation à refaire ?
J’aurais dit très humblement : agis avec moins de stress et de colère. Souvent, ça n’en vaut pas la peine.

- à la mère de votre futur conjoint si vous l’aviez devant vous ?
Seulement lorsqu’on vous aura fait appel, vous vous mêlerez de nos affaires. Ne jugez pas simplement sur la base de votre amour pour votre fils. Ne prenez le parti de personne, mais que seule la vérité vous préoccupe. Au reste, riez à mes blagues. C’est important.
Propos recueillis par Fredhy-Armel BOCOVO (Coll)



Dans la même rubrique