Vulgarisation de la loi sur la SSR : Ipas Afrique Francophone outille les élus locaux de Porto-Novo

19 août 2024

L’ONG Ipas Afrique Francophone, en collaboration avec le ministère de la santé, a organisé une séance d’échanges à Porto Novo ce mardi 6 août 2024 avec les élus locaux sur la loi relative à la santé sexuelle et reproductive (SSR). Cette activité qu’ils mettent en œuvre au plan national avec plusieurs autres acteurs depuis plus de deux ans, vise à faciliter la compréhension et la vulgarisation de la loi SSR au niveau national, local et décentralisé.

L’interruption volontaire de grossesse était autorisée au Bénin si et seulement si la santé de l’enfant à naître ou celle de sa mère est menacée, ou si la grossesse est issue d’un viol ou d’un inceste. La loi n° 2021-12, modifiant et complétant la loi n° 2003-04 relative à la santé sexuelle et à la reproduction (SSR) a élargi les conditions dans lesquelles la pratique peut être autorisée, notamment à la demande de la femme enceinte lorsque la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale incompatible avec les intérêts de la femme et/ou de l’enfant à naître. Mais plus de trois (03) ans après le vote de la loi, des mécompréhensions demeurent. Pour certains, cette révision donne le champ libre à l’avortement dans une société fortement ancrée dans la religion, la culture et la morale alors qu’en réalité, le législateur a une vision protectrice de la vie humaine.
C’est donc pour lever ces équivoques que l’échange de ce 6 août est intervenu. Après plusieurs autres localités, Ipas Afrique Francophone a ciblé la ville aux trois noms pour abriter la séance interactive d’éclaircissements. Chefs quartiers, chefs d’arrondissements et agents de santé ont massivement répondu présents à l’appel de Ipas Afrique Francophone et du ministère de la santé pour s’imprégner du contenu de la loi modifiée afin d’en faire bon usage.
Jean-Pierre Wangbe, chef cellule juridique du ministère de la santé qui a animé la séance avec l’appui des autres membres du ministère de la santé, a expliqué les différentes dispositions de la loi et répondu aux interrogations des élus. Après avoir éclairci les quatre cas de figure dans lesquels un avortement peut être pratiqué, il a précisé que la modification de la loi sur les SSR est intervenue pour « éviter les avortements clandestins et non pour encourager l’avortement comme le pensent certains ». Il a également insisté sur le fait que la loi entend aider à réduire la mortalité liée aux avortements clandestins en facilitant le recours aux professionnels de la santé autorisés pour plus de sécurité.

L’atelier a permis aux participants de poser des questions, d’exprimer leurs préoccupations et surtout d’être convaincus de la volonté du législateur béninois à laquelle adhère IPAS Afrique Francophone à travers cette loi.
« Avec la séance de ce jour, on a vraiment compris ce qui a poussé le gouvernement à initier cette loi. Parce qu’en réalité, il y a des avortements clandestins qui se font un peu partout. Mais si nous nous mettons à la tâche et nous expliquons à la population, à nos filles, nos sœurs, nos femmes, le bien fondé sur ce que nous avons entendu ici, je pense que ça va limiter les décès liées aux avortements clandestins. Et c’est ça qui me réjouit particulièrement », a confié Lucien Adjibi, coordonnateur des chefs quartier de l’Ouémé, l’un des vice-présidents de l’association nationale de CQ-CV du Bénin.
Ainsi, ces acteurs ont-ils décidé de porter l’information reçue à leurs administrés. Ils ont également émis plusieurs recommandations, dont le renouvellement de la formation à l’avenir et dans plusieurs régions, l’implication des leaders religieux dans la suite des activités, et l’appui en moyens financiers pour des séances de relais.
Notons que l’initiative se poursuit dans d’autres départements, pour renforcer la sensibilisation et la formation des acteurs locaux sur le cadre legal régissant la santé sexuelle et reproductive au Benin. L’objectif ultime de Ipas Afrique Francophone et du ministère de la santé est de créer un environnement sécurisé d’offre de services de Santé Sexuelle et Reproductive où chacun peut faire des choix éclairés et sécurisés.



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